Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2491

Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 547-548).

2491. — À M. FORMEY.
Le 23 décembre.

Puisque ainsi est, Iddio sia lodato, je vous avouerai tout net que votre sortie sur certaines personnes, et un petit mot de la discipline militaire, et un petit coup de dent à ceux qui ont écrit après Newton, et une petite attaque portée à certaines gens qui ont fait certains livres, et un mépris trop marqué pour certains sentiments de certaines gens, qui n’en changeront pas, etc. ; je vous avouerai, dis-je, que tout cela a été fort mal reçu. Vous devriez, ma foi, me remercier de l’apologie de Bolingbroke[1] car tout ce qui fait rire apaise. Je pourrais tous servir, et cela me serait bien plus agréable que d’écrire sur le Pentateuque. Quand on m’attaque, je me défends comme un diable, je ne cède à personne : mais je suis un bon diable, et je finis par rire. Je suis très-malade, et vous sortez, vous avez été chez le grave président[2]. Venir de chez vous chez moi, bien emmitouflé, n’est pas un voyage aux terres australes. Point de rancune, puisque je n’en ai point. Venez dîner amicalement demain ou après-demain. Je vous enverrai un carrosse ou une chaise ; vous n’aurez point de froid dans la rue, et vous serez chez moi très-chaudement. Il faut que nous causions, et vous trouverez mixtum utile dulci[3].

  1. La Défense de milord Bolingbroke ; voyez tome XXIII, page 547.
  2. Maupertuis.
  3. Horace, Art poét., vers 343.