Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2475

Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 532-533).

2475. — À M. LE MARQUIS DE XIMENÈS.
À Potsdam, le 1er décembre 1752[1].

Les personnes qui ont l’honneur de vous connaître, monsieur, vous rendront la justice d’avouer que vous êtes plus fait pour traduire les amours fortunées d’Ovide[2], que les amours malheureux. Si d’ailleurs quelque beauté avait à se plaindre de vous, elle serait discrète, et vous pourriez vous vanter de vos exploits sans lui déplaire. Il y a de très-galants hommes qui ont perdu partie, revanche, et le tout[3], sans en rien dire. Vous n’êtes pas de ces gens-là, et je vous crois très-heureux au jeu.

Pour moi, qui ne joue point, je vous souhaite d’aussi bonnes parties que vous avez fait de bons vers. Goûtez les plaisirs, et chantez-les. J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Cette lettre a été mise, par divers éditeurs, en 1739, en 1751, en 1769. La date que je donne se trouve à la page 65 du Codicille d’un vieillard, ou Poésies nouvelles d’Augustin Ximenès, Paris, 1792, in-8o. (B.)
  2. Ximenès avait envoyé à Voltaire une traduction en vers de la septième élégie du troisième livre des Amours d’Ovide : At non formosa est, etc. La pièce de Ximenès commençait ainsi :
    Que lui manquait-il donc ? la grâce, la beauté,
    Ou ce je ne sais quoi d’où naît la volupté ?
    Non, etc.
    Il y déplorait son accident avec Mlle Clairon ; voyez la note suivante. (B.)
  3. Voltaire, dans sa lettre à d’Argental, du 29 février 1764, dit que Ximenès, en trois rendez-vous avec Mlle Clairon, perdit partie, revanche, et le tout. C’est Ximenès lui-même qui donne l’indication de la lettre de 1764, comme expliquant celle de décembre 1752. (B.)