Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2317

Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 354-355).

2317. — AU CARDINAL QUERINI.
Berlin, 7 gennajo 1752.

La morte del conte di Rottembourg, l’uno de’direttori di questa chiesa tanto favorita da Vostra Eminenza, a cagionato qui un grand ramarico ; io sarei molto sorpreso se egli non avesse lasciato nel suo testamento una considerabil somma di danari per contribuire alla fabrica del vostro edifizio. I continui assalti della malatia che mi distrugge, mi fanno augurare anderô dove è gito il povero conte di Rottembourg, e dove non s’edificano case nè per Iddio, ne per gli uomini. L’ultime mie voglie saranno in favore della chiesa di Berlino ; ma darò poco, giacchè sono un uomo da poco. E bisogna pigliar cura de’ suoi parenti et amici prima di pensare alle pietre d’un monumento. Tocca a un vescovo, a un gran cardinale, a un celebratissimo benefattore come voi siete, di segnalare la sua beneficenza dovunque va la sua gloria. Rimango con ogni riverenza del suo imparegiabile merito, si come di Sua Eminenza, umilissimo et devotissimo servitore[1],


Voltaire.

  1. Traduction : La mort du comte de Rottembourg, l’un des directeurs de cette église que Votre Éminence favorise tant, a laissé ici les regrets les plus vifs. Je serais beaucoup étonné s’il n’avait pas destiné par son testament une somme considérable pour la perfection de cet édifice. Les assauts continuels de la maladie qui me mine sont un présage que je serai bientôt avec le pauvre comte de Rottembourg, dans ce pays où l’on ne bâtit, ni pour Dieu ni pour les hommes. L’église de Berlin aura part à mes dernières dispositions ; mais je donnerai peu, parce que j’ai peu*. L’on doit se rappeler ses parents et ses amis avant de se souvenir des pierres d’un monument. Il est digne d’un évêque, d’un grand cardinal, d’un célèbre bienfaiteur tel que vous, de faire éclater sa générosité dans tous les endroits où parvient sa gloire.

    Je finis avec la vénération qu’on doit à un mérite incomparable comme celui de Votre Éminence.

    *. Voltaire avait alors soixante mille livres de rentes.