Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2314

Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 353).

2314. — À FREDERIC II, ROI DE PRUSSE.

Ce mercredi matin (29 décembre 1751).

Ah ! mon Dieu, sire, que je vous demande pardon ! J’avais écrit à Votre Majesté, cette nuit, sur une affaire particulière qui n’en vaut pas la peine, et je ne savais pas que, pendant ce temps-là, vous perdiez M. de Rottembourg. Quel songe que la vie ! et quel songe funeste ! Votre Majesté perd un homme dont elle était véritablement aimée. J’ose dire que je perds près de Votre Majesté le seul homme[1] qui connût mon cœur et mes sentiments pour vous. Dieu veuille que vous retrouviez des gens aussi sincèrement attachés !

Je ne sais pas ce que deviendra ma malheureuse vie, mais elle sera toujours à vous, et vous serez convaincu que je n’étais pas indigne de vos bontés.

  1. Voltaire fut mieux informé peu de temps après. Voyez plus bas a lettre 2321.