Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2208

Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 258).

2208. — À M. DARGET.
À Berlin, 2 mais 1751.

Mon cher ami, vous ne répondez ni à mes empressements, ni à mes questions, ni à mes doléances. Je suis toujours très-malade, et je présume que le roi daignera me recevoir avec bonté quand je serai en état de lui aller faire ma cour. Je m’imagine aussi que c’est pour ses bibliothèques qu’il destine les exemplaires que j’ai eu l’honneur de lui envoyer. Milord m’avait effrayé avant-hier. J’avais traîné ma mourante machine chez la sienne, qui n’était pas en meilleur état. C’était une visite d’un bord du Styx à l’autre. Le crieur d’enterrement du docteur Patridor aurait pu nous soutenir à tous deux que nous étions ses pratiques ; mais cela va au mieux aujourd’hui chez le gros et vigoureux corps anglais, et fort mal chez mon maigre individu. Ayez soin de votre santé, et n’oubliez pas tout à fait les misérables.