Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2142

Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 193).

2142. — À M. DARGET.

Mon cher confrère, votre laquais s’est enfui avant que j’aie ouvert le paquet le plus intéressant. Je viens de jeter les yeux sur l’épître du Salomon du Nord à son frère. Si tout le reste est du même ton, je n’aurai pas un coup de ciseau à donner à l’Hercule Farnèse. L’épître est admirable en tout sens. Mon cher ami, tout ce que je vois et tout ce que j’entends me confirme dans la résolution que j’ai prise.

On a toujours la rage de m’envoyer de Paris des paquets énormes, qui ne valent pas dix lignes de ce que nous lisions hier. Quel exemple pour l’Académie de Berlin, et que je voudrais que Sa Majesté me permît de lui chercher un homme de lettres qui fournît son Académie de mémoires utiles, dans le goût du sien ! Le monde est rassasié d’x x et de courbes.

Quelle pitié de consumer son temps à calculer ce qui n’est pas notre bien, et que Cicéron est au-dessus d’Euler ! Vale.