Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1919

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 537).

1919. — DU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].
Paris, le 24 octobre 1718.

Je suis infiniment sensible, monsieur, à la lettre pleine de confiance que je reçois de vous, et je ne puis qu’être flatté que vous vouliez bien m’y exposer des circonstances qui sont aussi intéressantes pour votre famille qu’elles vous sont réellement personnelles. Il est vrai que j’avais prévu avec zèle ce que je m’imaginais bien qui vous déplaisait, et c’est pour cela que je m’étais hâté d’en parler au ministre ; mais puis-je répondre que ce n’est pas une suspension ? Ma bonne volonté ne fait pas loi, mais au moins accordez-moi la justice de la tenir pour quelque chose, puisqu’elle est toute à votre service. Je reparlerai à Fontainebleau, où je compte aller dimanche, et, quand il serait vrai qu’on voulût se relâcher sur le fait des parodies, je représenterai que le théâtre vous doit trop, et même la patrie, pour que l’on commence par vous à se déranger des maximes qu’on s’était proposé de garder. Voilà ce que je vous offre, et qui est en ma disposition, et, si je n’ai pas le bonheur de réussir, n’en soyez pas moins persuadé de mon sincère attachement et de l’estime toute particulière que je vous ai vouée. C’est avec ces sentiments, qui sont dus à vos talents supérieurs et à la confiance que vous avez en moi, que je suis plus que personne du monde, monsieur, votre, etc.

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.