Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1888

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 511).

1888. — À MADAME DE TRUCHIS DE LAGRANGE[1],
religieuse de la visitation de sainte-marie, à beaune.
À Paris, 7 juin 1748.

PROLOGUE.

Osons-nous retracer de féroces vertus
Devant des vertus si paisibles ? etc.[2]

Voilà, madame, ce que vous m’avez ordonné. J’aurais plus tôt exécuté cet ordre, si ma santé et des occupations fort différentes de la poésie l’avaient permis. Je voudrais que ce prologue fût plus digne de vous, et répondît mieux à l’honneur que vous me faites ; mais que dire de Jules César dans un courent ? J’ai tàché au moins de rappeler, autant que j’ai pu, les idées de cette catastrophe aux idées de religion et de soumission à Dieu, qui sont les principes de votre vie et de votre retraite. Je vous prie, madame, de vouloir bien intercéder pour moi auprès du maître de toutes nos pensées. Vous me rendrez par là moins indigne de voir mes ouvrages représentés dans votre sainte maison. J’ai l’honneur d’être avec respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Voltaire.
gentilhomme ordinaire du roi.

  1. Cette dame avait demandé à Voltaire un prologue pour une représentation qu’on devait donner au couvent de Beaune ; de la Mort de César. Les vers qui font partie de cette lettre étaient connus depuis longtemps ; ils avaient été imprimés dans le Journal de Paris du 28 février 1783. La lettre entière a été publiée dans l’Impartial (journal de Besançon) du 18 avril 1830.
  2. Voyez tome X, dans les Poésies mélées, n° 166,