Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1880

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 503).

1880. — À M. MARMONTEL[1].
À Lunéville, à la cour, le 13 février.

J’avais bien raison, mon cher ami, de vous dire que j’espérais beaucoup de ce Denis[2], et de ne vous point faire de critique. Comptez que jamais les petits détails n’ajouteront au succès d’une tragédie ; c’est pour l’impression qu’il faut être sévère. L’exactitude, la correction du style, l’élégance continue, voilà ce qu’il faut pour le lecteur ; mais l’intérêt et les situations sont tout ce que demande le spectateur. Je vous fais mon compliment avec un plaisir extrême. Voilà votre succès assuré. C’est à présent qu’il faut corriger la pièce ; c’est un grand plaisir d’embellir un bon ouvrage. Adieu je m’intéresserai toute ma vie, bien tendrement, à votre gloire et à tout ce qui vous regarde.

  1. Voyez la lettre 1775.
  2. Denis le Tyran, tragédie en cinq actes, jouée le 5 février 1748, et dédiée à Voltaire.