Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1849

Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 470-472).

1849. ‑ À M. LE COMTE ALGAROTTI.
Parigi, 13 di novembre.

Non ho voluto ringraziarla di tutti i suoi favori prima d’averli interamente goduti, me ne sono veramente inebriato. Ho letto e riletto il Newtonianismo, e sempre con un nuovo piacere. Sa bene non esservi chi abbia maggior interesse di me nella sua gloria ; si degni ella di ricordarsi che la mia voce fu la prima tromba[1] che fece rimbombare tra le nostre zampogne francesi il merito del vostro libro, prima che fosse uscito in pubblico. La vostra luce settemplice abbarbaglio per un tempo gli occhi dei nostri cartesiani, e l’Accademia delle scienze, ne’ suoi vortici ancora involta, parve un poco ritrosetta nel dare al vostro bello e mal tradotto[2] libro i dovuti applausi. Ma vi sono delle cose al mondo, che sottomettono sempre i ribelli : la verità, e la beltà. Avete vinto con queste armi ; ma mi lagnerò sempre che abbiate dedicato il Newtonianismo ad un vecchio cartesiano[3], che non intende punto le leggi della gravitazione. Ho letto col medesimo piacere la vostra dissertazione sopra i sette piccoli, e mal conosciuti re romani, l’avete scritta nella vostra gioventù, ma eravate già molto maturo d’inbegno e di dottrina. Avete per avventura conoscenza d’un volume scritto in Germania, venti anni fa, da un Francese, sopra l’istessa materia ? Vi sono acute investigazioni, ma non mi ricordo dell’autore.

Ho letto sei volte la vostra epistola al signor Zeno ; oh ! quanto s’innalza un tal nobile ed egregio volo sopra tutti i sonnettieri dell’infingarda Italia ! Ecco dunque tre opere, tutte differenti di materia e di stile. Tria regna tenens ! Non v’è al mondo un’ ingegno cosi versatile, e cosl universale. Pare a chi vi legge che siate nato solamente per la cosa che trattate.

Mi rincresce molto di non accompagnare il duca di Richelieu[4]. Mi lusingavo di vedere in Dresda la nostra delphina[5], la magnifica corte d’un re[6] amato da suoi sudditi, un gran ministro[7], e’l signor Algarotti ; ma la mia languida sanità distrugge tutte queste speranze incantatrici. Non si scordi pero dell’affare che le ho raccommandato[8] ; la protezione d’una madré è la più efficace presso d’una figlia, e ne spero un felice esito col vostro patrocinio ; le bacio di gran cuore la mano che ha scritto tante belle cose[9].

Adieu, le plus aimable de tous les hommes. Mme du Châtelet vous fait les plus sincères compliments.

  1. Voyez, tome X, le sonnet à Algarotti (Poésies mêlées, 1736).
  2. Allusion à la traduction de Duperron de Castera ; 1738.
  3. Fontenelle.
  4. Voyez plus bas la lettre 1855.
  5. Marie-Josèphe, fille de l’électeur de Saxe, née en novembre 1731, mariée au dauphin le 9 février 1747.
  6. Frédéric-Auguste II, né en 1696, mort en 1763 ; roi de Pologne et électeur de Saxe.
  7. Le comte de Brühl, déjà cité, lettre 1843.
  8. L’admission de la duchesse de Montenero, comme dama di palazzo auprès de la reine de Naples.
  9. Traduction : Je n’ai pas voulu vous remercier de tous vos bienfaits avant d’en avoir entièrement joui, mais j’en suis vraiment enivré. J’ai lu et relu le Newtonianisme, et toujours avec un nouveau plaisir. Vous savez bien qu’il n’y a personne qui s’intéresse plus que moi à votre gloire ; daignez vous rappeler que ma voix fut la première trompette qui fit retentir dans les oreilles françaises le mérite de votre livre, avant qu’il fût livré au public. Votre septuple lumière* offusque les yeux de nos cartésiens, et l’Académie des sciences, encore enveloppée dans ses tourbillons, me paraît trop peu hâtive à donner à votre bel et mal traduit ouvrage les applaudissements qui lui sont dus. Mais il y a deux choses qui domptent toujours les récalcitrants : la vérité et la beauté. Vous avez vaincu avec ces armes ; mais je me plaindrai toujours que vous ayez dédié le newtonianisme à un vieux cartésien qui n’entend pas un mot aux lois de la gravitation. J’ai lu avec le même plaisir votre dissertation sur les sept petits et mal connus rois romains ; vous l’avez écrite dans votre jeunesse, mais vous étiez déjà mûr d’esprit et de science. Avez-vous par hasard connaissance d’un volume écrit en Allemagne, il y a une vingtaine d’années, par un Français sur la même matière ? Il y a là de sagaces investigations, mais je ne me rappelle pas le nom de l’auteur.

    J’ai lu six fois votre épltre à M. Zeno. Oh ! combien se hausse un tel vol pardessus tous les faiseurs de sonnets de la paresseuse Italie ! Voilà donc trois ouvrages tout à fait différents de sujet et de style. « Tenant trois royaumes ! » Il n’y a point au monde un talent aussi varié et aussi universel. Ceux qui vous lisent se figurent que vous êtes né seulement pour chaque chose que vous traitez.

    Je regrette beaucoup de ne pas accompagner le duc de Richelieu. Je me flattais de voir à Dresde notre dauphine, la cour magnifique d’un roi aimé de ses sujets, un grand ministre et le comte Algarotti ; mais ma languissante santé a détruit toutes ces espérances charmantes. N’oubliez pas l’affaire que je vous ai recommandée, la protection d’une mère est la plus efficace auprès d’une fille, et j’espère un heureux résultat avec votre appui. Je baise de grand cœur la main qui a écrit tant de belles choses.

    **. Allusion à la théorie des sept couleurs de la lumière.