Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1812

Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 441-442).

1812. — AU CARDINAL QUERINI.
Parigi, 8 maggio.

Ho ricevuto il cumulo de’ suoi favori, la lettera stampata e dedicata al suo degno nipote[1], nella quale mi fa conoscere quel grand’uomo barbaro di nome[2], ma di costumi cortese, e di opere grande ; e nella quale ho trovato i belli versi italiani e latini che fanno a me un tanto onore, ed un si gran stimolo alla virtù. E mi sono pervenuti gli altri pieghi che contengono la traduzione latina ed italiana del principio della Henriade. Non fu mai il gran Tasso cosi rimunerato, ed il trionfo che gli fu preparato nel Campidoglio non era d’un tanto valore. Mi conceda d’indirizzare a Vostra Eminenza le dovute grazie al suo eccellentissimo nipote.

Sarô domani pubblicamente aggregato all’Accademia francese, nell’istesso tempo che l’Accademia della Crusca si procura il vantaggio d’acquistare l’Eminenza Vostra ; ma questa è la differenza fra noi che l’Accademia della Crusca riceve un onore insigne dal vostro nome, laddove io ne ricevo un grande da quella di Parigi. Ho l’incombenza di pronunciare un lungo et tedioso discorso ; ma, per quanto tedioso possa essere, non mancherô di mandarlo a Vostra Eminenza, essendo costumato di mandarle tributi, benchè indegni del suo merito.

Non dubito che le sia a quest’ora capitato il piego che contiene cinque o sei esemplari del mio piccolo Saggio italiano sopra una materia fisica, che io ho sottoposto al suo giudizio, e pel quale richiedo il suo patrocinio. Sarô sempre col più profondo rispetto[3], etc.

  1. Voltaire parle de ce neveu, dans sa lettre du 23 avril 1749, à Querini. C’était peut-étre il signor Tron, l’ambassadeur de Venise nommé dans la lettre 1804.
  2. Louis Alamanni, auteur d’un poëme sur l’Agriculture (la Coltivazione) ; mort en 1556.
  3. Traduction : J’ai reçu pour comble de faveur la lettre imprimée et dédiée à son digne neveu, dans laquelle elle m’a fait connaître ce grand homme, barbare de nom mais de mœurs courtoises, et remarquable par ses œuvres, et où j’ai trouvé ces beaux vers italiens et latins qui me font un si grand honneur et qui sont un puissant encouragement à la vertu. Me sont également parvenus les autres plis qui contiennent la traduction latine et italienne de la Henriade. L’illustre Tasse ne fut pas ainsi récompensé, et le triomphe qui lui fut préparé au Capitole n’était pas de tant de prix. Qu’il me soit permis d’adresser à Votre Éminence les grâces dues à son très-excellent neveu. Je serai demain publiquement reçu à l’Académie française, dans le même temps que l’Académie della Crusca aura l’avantage d’acquerir Votre Éminence. Il y a cette différence entre nous que l’Académie della Crusca reçoit de votre nom un honneur insigne, tandis que j’en reçois un grand de celle de Paris. J’ai l’embarras de prononcer un long et ennuyeux discours ; mais, quelque ennuyeux qu’il soit, je ne manquerai pas de l’envoyer à Votre Éminence, ayant coutume de lui expédier mes tributs, bien qu’indignes de son mérite. Je ne doute point qu’elle ait reçu à présent le paquet qui contient cinq ou six exemplaires de mon petit Essai italien sur des matières de physique, lequel j’ai soumis à son jugement, et pour lequel je réclame son patronage. Je serai toujours avec le plus profond respect, etc.