Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1804

Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 435-436).

1804. — AU CARDINAL QUERINI.
Parigi, 12 aprile.

Mi è stato detto che Vostra Eminenza non aveva ricevuto le lettere da me scritte. Se sono smarrite, sarô riputato appresso di Vostra Eminenza il più ingrato di tutti gli uomini. Si è degnata di dare l’immortalità al Poema di Fontenoy ; m’ha favorito della sua bella lettera pastorale, della stampa del magnifico monumento eretto da lei nel suo palazzo di Brescia ; in somma è divenuta il mio Mecenate, e non riceve da me il menomo testimonio della mia gratitudine. Sono perù più infelice che colpevole. Ho scritto a Vostra Eminenza tre o quattro volte ; l’ho ringraziata, le ho spiegato il mio cuore ho pensato che il suo nome sarebbe riverito anche da’ barbari che possono svaliggiare i corrieri ; ho mandato le mie lettere alla posta senza altra diligenza. Dopo questo il signore ambasciadore di Venezia m’ha dato la licenza di mettere nel suo piego tutte le lettere che avrei da oggi in avanti l’onore di scrivere a Vostra Eminenza. Userô di questa libertà, e mi lusingo che il signor Tron[1], essendo il suo nipote, sarà un nuovo vincolo dal quale verranno raddoppiati quelli che mi ritengono sotto il suo caro patrocinio, e che stringono la mia ossequiosa servitù. Mi perdoni se non ho potuto scrivere di proprio pugno sono gravemente ammalato. Ma benchè le mie forze siano molto indebolite, non sono sminuiti i vivi sentimenti del mio riverente ossequio.

Bacio la sua sacra porpora, e mi confermo[2], etc.

  1. Cet ambassadeur de la république de Venise était arrivé à Paris au commencement de 1746. Voltaire le cite dans sa lettre du 3 juin de la même année, a la comtesse de Verteillac. (Cl.)
  2. Traduction : J’ai oui dire que Votre Éminence n’a pas reçu les lettres que je lui ai écrites. Si elles sont égarées, je passerai auprès de Votre Éminence pour le plus ingrat des hommes. Elle a daigné donner l’immortalité au Poëme de Fontenoy ; elle m’a gratifié de sa belle lettre pastorale, de l’estampe du magnifique monument qu’elle a érigé dans son palais de Brescia ; enfin elle est devenue mon Mécène, et elle ne reçoit pas le moindre témoignage de ma gratitude. Je suis cependant plus malheureux que coupable. J’ai écrit à Votre Eminence trois ou quatre fois, je l’ai remerciée, je lui ai ouvert mon cœur. J’ai pensé que son nom serait respecté par les barbares qui dévalisent les courriers ; j’ai confié mes lettres a la poste sans autre précaution. Depuis lors, monsieur l’ambassadeur de Venise m’a permis de mettre sous son pli toutes les lettres que j’aurai désormais l’avantage d’écrire à Votre Éminence. J’userai de la liberté, et je me flatte que M. Tron, votre neveu, sera un nouveau lien qui fortifiera ceux qui me retiennent sous votre cher patronage et qui resserrent mon étroite servitude. Qu’elle me pardonne si je n’ai pu lui écrire de ma propre main ; je suis gravement malade. Mais quoique mes forces soient bien affaiblies, les sentiments de mon profond respect ne sont pas moins vifs. Je baise sa pourpre sacrée et continue de me dire, etc.