Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1774

Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 406-407).

1774. — AU CARDINAL QUERINI.
Parigi, 7 di novembre.

Tutti li seguaci d’Ippocrate, i Boeravi, i Leprotti[1], non avrebbero mai potuto somministrare ai mici continui dolori un più dolce e più certo sollievo di quello che ho provato nel leggere le lettere, e le belle opere, delle quali Vostra Eminenza si è compiaciuta d’onorarmi. Ella mi ha destato dal languido torpore nel quale le malattie mie mi avevano sepolto.

Dica ella di grazia, qual’ arte, qual’ incanto pone ella in uso per condire, con tanti vezzi, tanta e cosi varia dottrina, e per adornarla di questa finitura di composizione in cui non appare l’arte, ma sopra tutto la facilita dello stile, e la vera e soda eloquenza.

Si raddoppio in cielo la félicita del cardinal Poli[2], dai nuovi pregi che la penna di Vostra Eminenza gli ha conferiti. Ella dà ad un tratto a questo celebre Inglese ed a se stessa l’ immortalità del mondo letterato.

Credo bene io, coll’ erudito Vulpio[3], che quel bel giovane scolpito in avorio sia il genio del re Tolomeo e di Berenice ; ma mi pare più certo che Vostra Eminenza sia il mio ; e se gli antichi soleano porgere i loro voti ai genii de’ grand’ uomini, mi fa d’uopo d’invocare quello del cardinal Querini. Gli rendo umilissime grazie, e mi protesto con ogni ossequio il suo zelante ammiratore[4].

  1. Médecin de Benoît XIV, à qui Voltaire a adressé la lettre 1753.
  2. Querini avait publié, en 1744 et 1745, deux volumes in-folio intitulés Reginaldi Poli et aliorum ad eumdem Æpistolœ ; et il y joignit une Vie du même cardinal Polus, né en 1500 dans le comté de Stafford.
  3. Ou Volpi, en latin Vulpius. Trois frères Volpi ont été contemporains de Querini et de Voltaire le plus savant était Jean-Antoine, professeur de philosophie à Padoue, sa ville natale, et membre de l’Académie della Crusca.
  4. Traduction : Tous les disciples d’Hippocrate, les Boerhaave, les Leprotti, n’auraient pu administrer à mes continuelles douleurs un plus doux et plus certain soulagement que celui que j’ai éprouvé en lisant les lettres et les beaux ouvrages dont Votre Éminence a daigné m’honorer. Elle m’a réveillé de la languissante torpeur dans laquelle mes maladies m’avaient enseveli.

    Qu’elle dise, de grâce, quel art, quel enchantement, elle met en usage pour établir, avec tant de charmes, une si grande et si variée doctrine, et l’orner de cette perfection de composition dans laquelle l’art n’apparalt plus, mais uniquement la facilité de style et la vraie et solide éloquence.

    La félicité du cardinal Polus a été redoublée dans le ciel par les nouveaux mérites que la plume de Votre Éminence lui a conférés. Elle donne à la fois à ce célèbre Anglais et à elle-même l’immortalité du monde lettré.

    Je crois bien, avec l’érudit Vulpius, que ce beau jeune homme sculpté en ivoire soit le génie du roi Ptolémée et de Bérénice ; mais il me semble plus sûr que Votre Éminence est le mien ; et, si les anciens avaient coutume de présenter leurs vœux aux génies des grands hommes, il me faut invoquer celui du cardinal Querini. Je lui rends de très-humbles grâces, et proteste avec tout respect d’être son zele admirateur.