Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1745

Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 379-381).

1745. — À M. LE COMTE ALGAROTTI.
Parigi, 27 giugno[1].

Signor mio illustrissimo, e principe colendissimo, o l’esercito del duca di Lobkowitz, o l’ammiraglio Martin a intercettato le lettere che o avuto l’onore di scrivere a Vostra Eccellenza. Le o scritto due volte, e le o mandato un esemplare del poema che ho composto sopra la vittoria di Fontenoy ; ho indirizzato il piego come l’avevate prescritto. Potete dubitare ch’io fossi tardo nel ringraziarvi del sommo onore che m’avevate fatto ? Mene ricorderô sempre ; e qual barbaro potrebbe mai dimenticarsi di tanti vezzi e del vostro bell’ingegno ? Avete guadagnato più d’un cuore in Francia, fra gli Alemanni, e sotto il polo. O che fate bene adesso di passare i vostri belli giorni a Venezia, quando tutta l’Europa è matta da catena, e che la guerra fa un campo d’orrore di tanti matti ! Il vostro re di Prussia, che non è più il vostro[2], ha battuto atrocemente i vostri Sassoni[3]. Il nostro re ha rintuzzato l’intrepido furore degl’Inglesi, e mentre che la tromba assorda tutte le orecchie,

· · · · · · · · · · · · · · · Tu, Tityre, lentus in umbra,
Formosam resonare doces Amaryllida lacus.

(Virg., ecl. I, v. 4.)

Aspetto colla più viva impazienza la Vita di Giulio Cesare, la quale ho sentito che avevate scritta. Il sogetto è più grande, e più movente, che quello della Vita di Cicerone, che ha pigliato Middleton. Vi prego di dirmi quando la vostra bell’ opera uscirà in pubblico.

Emilia è sempre interrata nei profondi e sacri orrori di Newton ; io sono costretto di fare corone di flori pel mio re, e di vagheggiare le Muse.

Mi parlate della sanità del gran conte di Sassonia ; i suoi allori sono stati il più salutare rimedio che potesse sanarlo ; va meglio dopo che ha battuto i nostri amici gl’ Inglesi ; la vittoria l’ha invigorito[4].

Maupertuis cangia di patria, si fa Prussiano, ed abbandona affatto Parigi per Berlino. Il re di Prussia gli dà dodeci mila franchi ogni anno ; accetta egli quel che io o rifiutato ; i mici amici sono nel mio cuore avanti di tutti i monarchi e governatori del mondo.

Addio, caro conte ; le rassegno intanto l’immutahilità della mia divozione nel baciarle riverentemente le mani, e nel dirmi di Vostra Eccellenza umilissimo ed affezionatissimo servidore[5].

  1. Voyez ci-dessus la lettre 1734.
  2. Algarotti, mal portant à Berlin, était retourné à Venise, sa ville natale, où il resta peu de temps. (Cl.)
  3. L’aile gauche de l’armée autrichienne, composée de Saxons, avait été très-maltraitée par les Prussiens, à Friedberg, le 4 juin 1745. (Cl.)
  4. Le comte de Saxe était presque mourant, à Fontenoy, des suites de son hydropisie.
  5. Traduction : Ou l’armée du duc de Lobkowitz ou l’amiral Martin a intercepté les lettres que j’ai eu l’honneur d’écrire à Votre Excellence. Je lui ai écrit deux fois, et lui ai envoyé un exemplaire du poëme que j’ai composé sur la victoire de Fontenoy. J’ai adressé le paquet comme vous l’aviez prescrit. Pouviez-vous douter que j’eusse tardé à vous remercier du suprême honneur que vous m’aviez fait ? Je m’en soutiendrai toujours, et quel barbare pourrait oublier tant de charmes et votre bel esprit ? Vous avez conquis plus d’un cœur en France, en Allemagne, et sous le pôle. Ô que vous faites bien maintenant de passer vos beaux jours à Venise, quand toute l’Europe est folle à lier, et que la guerre en fait un champ d’horreurs Votre roi de Prusse, qui n’est plus votre roi, a battu atrocement vos Saxons. Notre roi a repoussé l’intrépide fureur des Anglais, et pendant que la trompette assourdit toutes les oreilles,
    Tu, Tityre, etc.
    J’attends avec la plus vive impatience la Vie de Jules César, que, m’a-t-on dit, vous avez écrite. Le sujet est plus grand et plus vaste que celui de la Vie de Cicéron, qu’a traité Middleton. Je vous prie de me mander quand Notre bel ouvrage sera mis au jour. Émilie est toujours ensevelie dans les profonds et sacrés abîmes de Newton. Moi, je suis obligé de tresser des couronnes de fleurs pour mon roi et de courtiser les Muses. Vous me parlez de la santé du grand comte de Saxe ; ses lauriers ont été le plus salutaire remède qui pût le guérir. Il va mieux depuis qu’il a battu nos amis les Anglais ; la victoire l’a ranimé. Maupertuis change de patrie, se fait Prussien, et abandonne Paris pour Berlin. Le roi de Prusse lui donne douze mille francs par an. Il accepte, lui, ce que j’ai refusé : mes amis sont dans mon cœur avant tous les monarques et souverains du monde. Adieu, cher comte ; je rappelle seulement l’immutabilité de mon affection en baisant révérencieusement les mains et en me disant de Votre Excellence le très-humble et très-dévoué serviteur.