Correspondance de Voltaire/1744/Lettre 1666

Correspondance de Voltaire/1744
Correspondance : année 1744GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 313).
1666. — À M. CLÉMENT,
receveur des tailles, à dreux.
À Cirey en Champagne, ce 11 juillet.

J’ai reçu, monsieur, à la campagne où je suis depuis quelques mois, le joli conte, ou plutôt le conte joliment écrit dont vous avez bien voulu me faire part. J’aurais répondu plus tôt à cette marque aimable de votre souvenir, si ma très-mauvaise santé et mes travaux de commande, qui l’affaiblissent encore, m’en avaient laissé le loisir.

Vous avez échauffé la glace
Qui me gelait dans les écrits
De ce trop renommé Boccace ;
Et vous mettez toute la gràce
De votre brillant coloris
Sur son vieux tableau, qui s’efface.
Sans vous je n’aurais point aimé
Ensalde et sa sorcellerie ;
L’enchanteresse poésie
Dont votre conte est animé
Est la véritable magie,
Et la seule qui m’ait charmé.

Conservez-moi, monsieur, une amitié qui m’est d’autant plus précieuse que je la dois au commerce des Muses.

Je suis, etc.