Correspondance de Voltaire/1744/Lettre 1636

Correspondance de Voltaire/1744
Correspondance : année 1744GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 276).

1636. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Bruxelles, le 2 février.

Il me prend envie de mander des nouvelles à mes anges. M. de Stair, au nez haut, arrive ici dans ce moment ; on lui tire le canon. Je ne crois pas qu’il s’expose au nôtre. Les Hollandais ne se déclarent point. Le roi d’Angleterre portera tout le fardeau, qui est un peu pesant. Ses Hanovriens, qui campent aux portes de Bruxelles, disent publiquement qu’on les mène à la boucherie, et sont assez fâchés du voyage. J’ai vu les troupes flamandes, troupes déguenillées et mal payées. On doit actuellement onze mois aux officiers. Allons, Français, réjouissez-vous !

Voici une lettre du sieur Rutan. Vous me direz : Pourquoi Mme du Châtelet ne me l’envoie-t-elle pas elle-même ? Vraiment, elle avait grande envie d’accompagner la lettre de ce Rutan d’une longue épître ; mais elle est si fatiguée d’avoir conversé toute la journée avec Christianus Wolffius et gens semblables qu’elle n’a pas la force d’écrire. Vous n’aurez donc que ce billet de moi ; mais les tendres compliments qu’elle vous fait valent mieux que cent de mes lettres. Mille respects à mes anges.