Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1449

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 68-69).

1449. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 9 (juin 1741).

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 6 juin.

J’ai d’abord à vous dire qu’il y a près de huit jours que Son Éminence écrit à Mme la marquise du Châtelet qu’on n’avait qu’à se présenter au Trésor royal pour être payé de mes ordonnances. C’était apparemment un quiproquo.

Ainsi, quand vous voudrez recevoir, vous avez mes quittances : il ne tiendra qu’à vous de recevoir. Si M. du Verney insiste sur quinze cents livres qu’il dit que je lui dois pour l’avance d’une pension de la reine, dont je n’ai jamais été payé, il faudra le prier de se contenter cette fois-ci de la moitié.

Quand vous aurez, mon cher abbé, consommé les aventures du Palais-Royal, je vous prierai d’écrire, en votre propre et privé nom, une lettre à M. le duc de Villars, par laquelle vous lui remontrerez qu’il me doit, si je ne me trompe, deux années ; que vous êtes obligé d’avoir recours à lui, sachant que je suis dans un très-grand embarras. Vous me ferez plaisir d’en écrire autant à MM. d’Auneuil, de Brezé, etc., et d’écrire aussi à Bouju pour M. de Lézeau. Je lui ferai encore une représentation après quoi, je serai forcé d’agir par justice. Vous pouvez demander à notre procureur au Châtelet s’il faut une nouvelle procuration pour agir contre M. de Lézeau, et si celle de monsieur votre frère ne suffit pas, si je ne peux pas lui faire commandement au domicile par lui élu par son dernier contrat, et si je ne peux pas sur une sentence du Châtelet faire saisir en Normandie sa terre de Lézeau.

Je vous prie aussi de vouloir bien me mander si mon certificat de vie daté de Bruxelles du mois de juillet prochain pourra servir à me faire payer le semestre de la Ville commençant à ce mois de juillet, aussi bien que le passé.

Si vous avez deux exemplaires complets, vous me ferez plaisir de les donner à M. du Châtelet. Ce ne sont pas ceux-là qui sont destinés à M. Thieriot ; et si M. Thieriot les avait tirés de vous, il faudrait le prier de les rendre. Ceux qui lui sont destinés lui arrivent par la voie de M. Thieriot le marchand de draps.

J’écrirai en Hollande, pour avoir les lettres G H et B, qui manquent.

Je suis charmé de la revanche de M. Collens. Quand vous aurez le temps, je vous prie de penser au petit paravent à feuilles pour M. Denis.

J’écrirai incessamment pour les livres que je dois acheter chez la veuve.

Je vous embrasse.

  1. Édition Courtat.