Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1445

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 61-62).

1445. – À M. THIERIOT[1].
28 mai 1741.

J’avais tout net oublié l’adresse du sieur Guérin ; le paquet est parti à celle de monsieur votre frère, et encore est-il parti trop tard. Cette vie est pleine d’anicroches. Vous trouverez dans le ballot deux exemplaires en blanc ; je vous prie de les faire relier proprement. L’abbé Moussinot payera le port et la reliure suivant votre billet. Ayez la bonté de garder un exemplaire pour vous. Je vous manderai à qui il faut donner l’autre.

M. de Maupertuis vous a mandé qu’il revenait. Je crois l’affaire de Silésie en train d’accommodement ; mais quand les particuliers raisonnent de ce que font et pensent les rois, ils ressemblent aux métaphysiciens qui parlent de premiers principes. Je ne réponds donc de rien.

Pour votre pension, c’est autre chose, et j’en réponds. Encore une fois, ne vous découragez pas. Le roi a la bonté de m’écrire aussi souvent que quand il n’avait ni batailles à donner, ni villes à prendre. Ses bontés m’autoriseront à demander justice pour vous, d’autant plus que je n’ai nulle grâce à demander pour moi ; mais, encore une fois, vous n’avez pas besoin de mes sollicitations. Il n’y a qu’un coup de canon qui puisse vous empêcher d’être payé. Je ne vous écris pas fort au long, parce que je suis un peu malade, et tracassé de mille petits soins qui m’ôtent tout mon temps mais si vous vous portez bien, et si vous avez du loisir, écrivez longues lettres à votre ancien ami, qui vous aimera toujours.

  1. Pièces inédites de Voltaire, 1820.