Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1442

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 57-58).

1442. À M. WARMHOLTZ.
À Bruxelles, mai.

Monsieur, vous m’auriez fait un vrai plaisir si vous aviez pu remplir les promesses que vous aviez eu la bonté de me faire ; mais, puisque vous ne le pouvez pas, j’attendrai que votre grande et belle édition ait paru, pour corriger mon petit abrégé de l’Histoire de Charles XII, que je compte seulement faire imprimer à la suite de mes œuvres. Je ne manquerai pas alors de rendre la justice qui est due à la source où j’aurai puisé. Il est très-naturel que M. Nordberg, Suédois et témoin oculaire, ait été mieux instruit que moi étranger, et il est juste que sa grande histoire serve d’instruction pour mon petit abrégé. J’aurais renoncé entièrement à cette faible partie de mes ouvrages, si cette histoire que j’ai donnée n’avait eu quelque succès, au moins par le style, et si le public n’avait paru souhaiter que ce morceau assez intéressant fût appuyé de faits authentiques.

Au reste, il est très-faux que je me sois adressé à aucun libraire, ni indirectement ni directement, pour faire imprimer cet abrégé nouveau, qui n’est pas même commencé.

Vous me ferez plaisir, monsieur, et vous me rendrez justice, si vous voulez bien avertir, dans la préface ou dans les notes de votre ouvrage, que je ne prétends point combattre M. Nordberg, mais me réformer sur ses mémoires[1]. Je crois même que ce serait la seule note qui me conviendrait, car il me paraît fort inutile de citer les endroits où j’aurai été trompé dans mes premières éditions, puisque tous ces endroits seront corrigés dans la nouvelle. C’est sur quoi je m’abandonne à votre discrétion, étant de tout mon cœur, monsieur, etc.

  1. M. de Voltaire se trompait ; il trouva dans le chapelain plus d’injures et d’erreurs que de faits intéressants ou de remarques utiles. (K.)