Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1330

Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 495-496).

1330. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
(18 auguste 1740.)
À Bruxelles (plus une syllabe illisible).

Mon cher abbé, je vous parlais du temporel dans ma dernière lettre. Celle-ci sera pour le spirituel.

En premier lieu, il s’agirait de presser le ou la libraire d’imprimer cette Philosophie.

En second lieu, voici un secret que je vous confie. Mme de Chambonin doit vous envoyer, de ma part, un paquet qui sera bientôt suivi d’un autre. Le tout est un manuscrit singulier, composé par un homme plus singulier encore. On ne pourra point avoir de privilège pour ma Philosophie, il n’en faut pas demander ; mais on en obtiendra aisément pour ce nouveau manuscrit en question. C’est, comme vous le verrez, la réfutation de Machiavel ; elle est d’un homme qui tient un des plus grands rangs dans l’Europe, et qui, par son nom seul, quand il sera connu, fera la fortune du libraire. Vous pouvez transiger avec Prault fils ; mais il ne faudra pas moins qu’un marché de mille écus, dont le dixième, s’il vous plaît, sera pour vous. Je n’ai nulle part ni au manuscrit ni au profit ; je remplis seulement ma mission. Il faudra faire imprimer le Prince de Machiavel de la traduction de La Houssaie, avec la réfutation à côté, le tout à deux colonnes. Voilà une petite négociation dont je charge votre amitié.

S’il était permis de revenir au temporel, je vous demanderais des nouvelles de ma pension.

  1. Édition Courtat.