Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1309

Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 475-476).

1309. — À M. DE MAUPERTUIS.
Bruxelle, le 1er juillet.

Le roi de Prusse me mande[1] qu’il a fait acquisition de vous, monsieur, et de MM. Wolff et Euler. Cela veut-il dire que vous allez à Berlin, ou que vous dirigerez, de Paris, les travaux académiques de la société que le plus aimable de tous les rois, le plus digne du trône, et le plus digne de vous, veut établir ? Je vous prie de me mander quelles sont vos idées, et de croire que vous ne pouvez les communiquer à un homme qui soit plus votre admirateur et votre ami. Ayez la bonté aussi de me répondre sur les articles de ma dernière lettre[2]. Le roi de Prusse voudrait aussi avoir M. S’Gravesande. Je crois qu’il fera cette conquête plus aisément que la vôtre[3].

M. de Camas, adjudant général du roi de Prusse, et homme plus instruit qu’un adjudant ne l’est d’ordinaire, vient à Paris voir le roi et vous. Je m’imagine qu’il vous enlèvera s’il peut ; vous voyez que le destin du père et du fils est d’avoir les grands hommes.

Comptez pour jamais sur la tendre et sincère amitié de V.

  1. Lettre 1303.
  2. Lettre 1306.
  3. Maupertuis accepta les offres de Frédéric, et S’Gravesande les refusa. Voyez les lettres 1320 et 1327.