Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1042

Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 139).

1042. — À M. THIERIOT[1].
Ce … au matin.

J’ai oublié, mon cher ami, dans ma lettre du 26, de vous faire souvenir qu’étant à Paris en 1736, je vous montrai, aussi bien qu’à plusieurs personnes, un écrit où la lettre sur Bicêtre, la lettre de M. Pracontal sur la bataille de Spire, etc., se trouvaient ; l’abbé d’Olivet porta même cet écrit à Desfontaines, pour l’exciter à repentance. Cet écrit courut ; il a servi en dernier lieu à fabriquer le Préservatif. Souvenez-vous de cet écrit encore une fois, car je vous citerai vous et l’abbé d’Olivet, et tous ceux qui l’ont vu. Au nom de Dieu, ayez de la mémoire ! Vous avez oublié l’Apologie de V. Ce libelle à vous montré, ce libelle dont il s’est débité quelques exemplaires, ce libelle cité par Desfontaines même dans son Dictionnaire nèologique, où vous êtes si joliment traité, enfin vous vous en êtes souvenu. Je demande à votre amitié de la mémoire[2] et de la vivacité. J’ai Desfontaines en tête. Je ne quitterai pas Cirey pour lui ; mais je le punirai sans bouger. Si vous avez un cœur, remuez-vous. J’ai envoyé une espèce d’apologie à M. d’Argenson ; vous pouvez engager M. de Moncrif à vous la montrer. Il y a du littéraire ; mais j’ai voulu faire un ouvrage pour la postérité, non un simple factum. Soyez la dixième partie aussi vif pour moi que vous l’avez été pour Mme Sallé, qui vous aimait dix fois moins que moi. Ne vous adressez qu’à Moncrif.

  1. Éditeur, Bavoux et François.
  2. Les Lettres sur les Anglais avaient valu cent louis à Thieriot ; voyez la lettre 358.