Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 998

Correspondance de Voltaire/1738
Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 82-83).
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998. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 27 (décembre 1738).

Mon cher ami, en réponse à la vôtre du 24.

1° Soit : prenons donc le bijou pour vingt louis, mais attendez pour les payer qu’il ait été présenté et trouvé joli, car, s’il avait le malheur de déplaire (ce que je ne crois pas), il en faudrait un autre ;

2° Si la Mérope vous a plu, j’en suis plus flatté que du suffrage des jésuites. Le jugement de ces messieurs, trop accoutumés aux pièces de collège, m’est toujours un peu suspect ; mais je prie qu’on reporte au Père Brumoi cet ouvrage, et qu’on le prie de le faire lire au Père Porée, mon ancien régent, à qui je dois cette déférence ;

3° Vienne donc le Lenglet, il sera bien reçu. Je viens de revoir mes capitulaires : c’est Buffier et Vallemont que j’exceptais, comme vous dites. Vous êtes plus exact que moi, dont bien me prend fort souvent ;

4° Vous avez très-bien fait, à votre ordinaire, de donner un peu de temps au fermier de Belle-Poule :

5° Vous feriez encore mieux si vous pouviez, par votre prudence, obtenir délégation des d’Auneuil et Lézeau : cela vous épargnerait par chacun an des sollicitations désagréables ;

6° Si les deux cent cinquante louis arrivent ensemble, ils seront reçus très-favorablement, et on les recevra encore très-poliment s’ils arrivent par compagnies détachées ;

7° Si l’on vous apporte un journal de la part d’un fripon de jésuite apostat, qui est à présent libraire en Hollande, et qui se nomme Henri du Sauzet[2] vous donnerez cent livres pour ce coquin-là, attendu qu’il faut payer les services, même des méchants ;

8° Linant m’a écrit un mot de remerciement ; mais Lamare ne m’écrira probablement que quand il aura dépensé l’argent que je lui ai donné.

Adieu, mon cher ami. Je vous souhaite la bonne année, et suis tout à vous à jamais.

Surtout, que monsieur votre frère ne copie pas un seul vers de Mèrope. Je vous le demande avec la dernière instance, et que, s’il en avait copié un seul, il le jette au feu. Faites-lui regarder cette discrétion comme le devoir le plus sacré.

  1. Edition Courtat.
  2. Ci-devant rédacteur de la Bibliothèque française ; la lettre 929 lui est adressée