Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 996

Correspondance de Voltaire/1738
Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 80-81).
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996. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 25 décembre (1738).

Mon cher ami, en réponse à votre dernière non datée :

1° Tâchez de m’envoyer deux cent cinquante louis d’or bien empaquetés par le coche. Si deux cents sont portés, cinquante viendront une autre fois ;

2° Cent livres à M. Lebrun, sur reconnaissance ;

3° Vous avez donné ou donnerez trois cents livres à Thieriot, n’est-ce pas ?

4° Quand d’Arnaud emprunte trois francs, il faut lui en donner douze, l’accoutumer insensiblement au travail, et, s’il se peut, à bien écrire. Recommandez-lui ce point : c’est le premier échelon, je ne dis pas de la fortune, mais d’un état où l’on puisse ne pas mourir de faim ;

5° Quelles nouvelles de la Mérope et des jésuites ? Je suis bien aise que la nature, sans mélange de galanterie, ait ému votre cœur dévot ;

Mais pour être dévot on n’en est pas moins homme[2].

6° J’attends, outre le paquet où sont les estampes de M. de Caylus, un autre paquet où il y a des plumes d’or, et qui devrait déjà être arrivé ;

7° Je vous souhaite la bonne année, et je vous aime de tout mon cœur ;

8° J’ajoute à ces sept articles, qu’il serait bon de se faire représenter tous les six mois un état des décrets du Châtelet, afin qu’on prévienne, de la part des hauts et puissants seigneurs, des tours semblables à celui de la vente du Faou. La liste des décrets s’imprime, je crois, tous les six mois. Cela est bon à avoir ;

9° Il faut bien nourrir nos tristes billets de loterie.

J’oubliais de vous dire que je ne veux pas donner plus de dix-huit louis du bijou : il n’en vaut que quinze, mais passe pour dix-huit. ( ? ) … il part. Vale.

  1. Édition Courtat.
  2. Duvernet, fidèle à son système de corrections intelligentes, avait substitué
    « car » à « mais ».
    Molière a dit :
    Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme.