Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 973

Correspondance de Voltaire/1738
Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 58-59).
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973. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 4 décembre (1738).

En réponse à celle du 29, mon cher abbé, je vais mettre au coche de Bar-sur-Aube le bijou de Ledoux ; mais, si on peut l’avoir pour cent écus, renvoyez-le-moi : je lui donnerai la préférence sur une pendule.

Votre frère consulte donc des libraires peu au fait ?

La Géométrie de Daudet est imprimée chez Ganeau, rue Saint-Jacques, et il me manque le troisième tome.

Il y a une traduction des Institutions de Boerhaave, ou je suis bien trompé : pourrais-je l’avoir ?

Cent francs ou environ à M. Thieriot, mais, pour plus grosses sommes, un mot d’avis.

Le portrait colorié de Vandeik est attendu, mais sans impatience.

Voulez-vous bien donner douze livres à ce Bourguignon, en attendant mieux, s’il est dans la pauvreté.

Lamare, Linant, a longe.

M, Tanevot doit vous envoyer ou une ordonnance, ou de l’argent. Il s’agit de cent écus que j’ai avancés, et dont vous serez payé au Trésor royal, La lettre de M. Tanevot vous mettra au fait.

Partit hier par le carrosse de Joinvill' un paquet plat, contenant une pièce peut-être fort plate ; je l’adresse a M. l’abbé Moussinot ; mais comme les jansénistes n’aiment point les pièces de théâtre, elle est destinée à un honnête jésuite, nommé le Père Brumoi, qui demeure rue Saint-Jacques. Il faut, s’il vous plaît mon cher abbé, que ce manuscrit soit rendu en main propre au jésuite, avec serment, sans restriction mentale, que copie n’en sera point tirée, et que le manuscrit sera remis au greffe de Saint-Merry.

J’avertis mon chanoine janséniste qu’il peut lire l’ouvrage a toute force :

Premièrement, parce que la pièce est sans amour ;

Secondement, parce qu’étant probablement ennuyeuse, elle pourra passer pour le huitième des psaumes pénitentiaux.

Sur ce, je vous embrasse et suis tout à vous.

Il y a un marchand nommé Delaporte, pont Saint-Michel. Je lui dois soixante et deux livres. Solve, si placet.

Pourquoi ne pas recevoir de M. de Brezé ? Pourquoi le mettre à portée de penser qu’on n’aime pas à être payé ? Puissent mes débiteurs me fatiguer de payements tous les quartiers ! J’accepterai cette corvée sans me plaindre. Vale tertium.

Le chevalier[2] doit vous faire tenir pour moi un petit paquet ; je vous prie de l’assurer de ma tendre amitié, et de l’engager a faire du reste[3] ce qu’il a déjà fait de quelques-unes en votre présence : cela est, encore une fois, d’une importance extrême pour ses intérêts et pour les miens.

J’écris à bâtons rompus.

J’oubliais de vous dire que le contrat du duc de Richelieu est dans le paquet du coche de Joinville. Vale tertium.

  1. Édition Courtat.
  2. De Mouhy.
  3. « De mes lettres », évidemment. (C.)