Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 923

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 555-556).
◄  Lettre 922
Lettre 924  ►

923. — À M. THIERIOT[1].
Cirey, 14 août 1738.

I thank you, my dear Tiriot, for all the cares you take upon you, and more for your good resolution omittere mirari beatæ fumum et opes strepitumque Romæ, and come to Cirey, where you will see a goddess who deserves well your homage, and a friend worthy of your heart, That famous M. Saunderson is, I think, the blindman who so well understands the theory of colours : It is one of the prodigies which England bears every day. Pray subscribe for me to bis book, for the royal paper, and let my name be counted amongst the happy readers of his productions.

Be so kind as to convey to me the works of Cotes and Smith as quickly as possible. I have already read all the chapters upon the tides, that M. Turner and M. Bremond have suggested to you, for I have by me the Philosophical Transactions : but I am not satisfied with those little treatises ; the question is not treated fully enough : we want the great Halley’s new observations.

If M. Turner would be so kind as to procure me something new about that part of natural philosophy, I should be much obliged to him

Tell M. Turner he should come to Cirey before he returns to England, for Cirey is a province of England : M. Turner should, therefore, come into Cireyshire.

Farewell, my dear Tiriot, Moussinot will give you the money necessary to get our English books. Mylady Émily Newton sends her services to you[2].

Il y a un diable d’Anglais[3] qui a fait une très-belle traduction du saint Alcoran, précédée d’une préface beaucoup plus belle que tous les Alcorans du monde.

M. Turner devrait vous dire quel est cet honnête chrétien-là : il m’a fait l’honneur de m’envoyer son œuvre ; je voudrais bien lui faire présent de mon petit chétif Newtonisme.

Adieu, mon cher Père Mersenne ; Mersenne des agréments et des choses essentielles, quand vous embrasserai-je donc ?

  1. Pièces inédites de Voltaire, 1820.
  2. Traduction : Je vous remercie, mon cher Thieriot, de toutes les peines que vous vous donnez, et encore plus de votre bonne résolution, omittere mirari beatœ fumum et opes strepitumque Romæ, et de venir à Cirey, où vous verrez une déesse qui mérite bien vos hommages et un ami digne de votre cœur.

    Ce fameux M. Saunderson est, je pense, l’aveugle qui entend si bien la théorie des couleurs. C’est un des prodiges que l’Angleterre voit naître chaque jour. Je vous prie de vouloir bien m’abonner à son livre, et faire inscrire mon nom au nombre des heureux lecteurs de ses productions. Ayez aussi la bonté de me faire passer les Œuvres de Côtes et de Smith le plus promptement possible.

    J’ai déjà lu tous les chapitres sur les marées, qui vous ont été indiqués par M. Turner et M. Brumond, car j’ai près de moi leurs réflexions philosophiques ; mais je ne suis point satisfait de ces petits traités. La question n’est pas traitée assez longuement. Nous avons besoin des nouvelles observations du grand Halley.

    Si M. Turner voulait avoir la bonté de me procurer quelque chose de neuf sur cette partie de la philosophie naturelle, je lui serais trés-obligé.

    Dites-lui qu’il faut qu’il vienne à Cirey avant de retourner en Angleterre, car Cirey est une province d’Angleterre : il faut absolument que M. Turner vienne dans le comté de Cirey.

    Adieu, mon cher Thieriot. Moussinot donnera tout l’argent nécessaire pour acheter les livres anglais. Milady Emilie Newton me charge de ses compliments pour vous.

  3. Sans doute Sale, dont il est question tome XXIV, pages 142 et 556.