Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 892

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 514-515).
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892. — À M. COUSIN[1].
3 juillet (1738).

J’ai reçu, mon cher monsieur, votre lettre du 30. Je suis très-affligé du quiproquo des trois cents livres, au lieu de douze cents livres. J’ai écrit quatre lettres à M. l’abbé Moussinot pour qu’on donnât douze cents livres à M. Nollet, et, s’il veut cent louis d’or, il les aura. Je lui écris en conformité.

Je serais très-fâché qu’aucun envoi partît avant vous. Je vous prie que rien ne parte que sous vos auspices. J’attends avec impatience les numéros de l’abbé Nollet. Quand je les aurai une fois avec les prix à côté, et les temps auxquels on peut avoir les ouvrages, je me déterminerai avec sûreté. Au reste, si vous trouviez quelque ouvrier intelligent qui voulût vous suivre, nous le ferions travailler à Cirey, et nous n’achèterions ensuite que ce que nous ne pourrions pas fabriquer.

L’Académie des sciences fait très-bien, je crois, d’imprimer le Mémoire de Mme la marquise du Châtelet ; mais le mien doit être supprimé. Nous avons tous deux concouru pour les prix, et ce sont des serviteurs des tourbillons qui ont été couronnés. Ô tempora ! Ô mores !

Je ne sais si je vous ai mandé que je faisais faire une chambre obscure ; ainsi nous n’aurons que faire de la chambre obscure portative.

Dans vos moments perdus, si vous trouvez quelque bon verre ardent, et quelque curiosité de physique, je vous supplie de m’en donner avis.

À l’égard de la liste des personnes à qui il faut faire des présents des Éléments de Newton, et des personnes auxquelles j’écris en faisant ces présents, j’ai envoyé les lettres (qui sont en petit nombre) à M. Thieriot, demeurant chez M. de La Popelinière, fermier général, rue Saint-Marc.

J’en donne avis à M. l’abbé Moussinot, et je le prie de vouloir bien, conjointement avec vous, s’adresser à M. Thieriot, non-seulement pour les livres qui lui sont destinés, mais pour ceux de ses amis, dont il voudra se charger, surtout ceux qui sont pour M. d’Argental, et ceux que M. d’Argental doit se charger de rendre. Il faudra aussi donner à M. Thieriot tous les exemplaires qu’il demandera pour ses amis.

Et afin de ne pas perdre un temps précieux, envoyez un Savoyard avec un mot d’écrit chez M. Thieriot, pour savoir son heure.

Voilà bien de la peine que je vous donne ; mais aussi cela n’arrivera pas deux fois, et je vous en demande bien pardon.

  1. Édition Courtat.