Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 881
En réponse à celle du 11 juin.
Non, mon cher abbé, cela ne sera pas mieux que mon libraire me fasse attendre. Quand je demande des livres dont j’ai besoin, il est triste d’attendre qu’on ait fait une caisse complète. Quatre envois sont aussi bons qu’un ; il n’en coûte que trois caisses de plus, et on est servi promptement. Si le libraire n’est pas exact à suivre mes intentions, je vous prierai d’en choisir un autre pour fournir la maison : je suis las de n’avoir les Mercure et les journaux que trois mois après les autres, et d’avoir moutarde après dîner.
Le sieur Cousin n’a ces vingt pistoles que pour venir à Cirey. Il est à moi, et il apportera la cargaison d’instruments de physique ; mais je ne le veux que dans un mois. L’astronomie est très-peu de chose pour un homme qui est déjà géomètre, et il l’apprendra bien vite.
Je vous supplie de donner douze cents livres à M. Nollet, à compte des instruments de physique qu’il fournira à votre ordre.
Vous devez avoir reçu une lettre pour donner cinq cents livres à une dame.
À l’égard de d’Arnaud, voulez-vous bien avoir la bonté de lui donner cinquante livres, quand il aura fait la préface en question, que vous m’enverrez ? C’est, je crois, un bon garçon. Je l’aurais pris auprès de moi s’il avait su écrire.
Monsieur votre frère fera auprès de M. d’Auneuil tout ce que vous jugerez à propos, mais dispensez-moi de lui écrire.
Je ne peux envoyer l’original de mon portrait, M. de La tour en a un. Servez-vous, au pis-aller, de la copie.
J’ai de si prodigieuses dépenses à faire cette année, et j’ai déjà tant dépensé, que je ne peux acheter un tableau.
Si je retourne à Paris, nous brocanterons vigoureusement.
Je vous embrasse.
Envoyez-moi la montre, mon cher abbé.
- ↑ Édition Courtat.