Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 869

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 477-478).
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869. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
18 mai (1738).

Je reçois vos lettres. Mon cher abbé, toujours des remerciements à vous faire. J’ai reçu la pendule bien conditionnée, les ornements du vase et les branches du lustre.

Envoyez-nous aussi ce livre des Principes de l’architecture et de la peinture.

Gardez le portrait, je vous prie, et ne l’envoyez point à Cirey.

Je me flatte que monsieur votre frère ne me laissera jamais manquer des journaux et des feuilles du mois. Je lui serai bien obligé.

Je suis très-affligé que M. de Réaumur n’en ait pas été cru. Pourriez-vous savoir quel est mon rival heureux, que je respecte sans envie ?

Voici un petit mot pour M. Clément, que je le prie d’envoyer à M. de Gennes. Ce Gennes est cousu d’or, et, s’il radote, il radote en Harpagon.

M. le président d’Auneuil rend apparemment quelque arrêt par lequel il me condamne à n’être point payé de lui.

M. d’Estaing : met mon argent sur une carte.

M. de Richelieu m’oublie pour le Languedoc. Cependant il faudra peut-être neuf ou dix mille francs pour l’abbé Nollet, et pour le cabinet de physique. Nous sommes dans un siècle où on ne peut être savant sans argent.

Je ne suis point du tout fâché contre monsieur votre frère, qui m’a envoyé cet infâme Almanach du Diable ; mais je voudrais savoir des nouvelles de l’auteur, et c’est un des plus grands services qu’on puisse me rendre.

Je vous embrasse tendrement.

  1. Édition Courtat.