Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 800

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 356-357).
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800. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
14 Décembre 1737.

En réponse à votre lettre du 9, mon cher ami.

1° Je vous remercie de la consommation de l’affaire des deux mille quatre cent soixante et une livres avec M. Clément.

2° Je vous prie de vendre mes quatre actions, si elles sont au-dessus de deux mille cent cinquante livres.

3° M. Camuzat, notaire, est plus propre que personne à vous trouver un emploi en rentes viagères depuis quinze jusqu’à vingt mille livres au denier dix.

4° Je prie monsieur votre frère de ne donner nulle relâche à Prault, jusqu’à ce que j’aie l’envoi de mes livres, que je lui ai demandés au lieu d’argent,

5° Je vous supplie d’employer M. Picard et toutes ses connaissances pour découvrir le mariage secret d’Arouet. Cela m’est d’autant plus important que je suis pressé de marier une de mes nièces. Mandez-moi tout ce que vous pourrez en savoir.

6° Dites-moi si les billets de M. d’Entragues et de M. Fournier étaient précisément l’un de trois cents, l’autre de deux cents livres, et si le billet de Vidal vous a été présenté.

7° Avez-vous des nouvelles de l’affaire contre le prince de Guise ?

8° Remettons la lettre à Surville aux étrennes.

9° Mademoiselle votre nièce ou madame votre sœur voudrait-elle acheter pour une pistole ou douze ou quinze livres de beaux joujous d’enfants de deux à trois ans ?

10° Je reviens à Arouet. On dit qu’il est fort intrigué dans cette affaire des convulsionnaires. Quel fanatisme ! Mon cher abbé, ne donnez pas dans ces horribles folies[2].

11° J’attends la poudre et le verre ardent ;

12° Il y a parmi mes papiers un procès contre un nommé d’Hombre. Ce procès était entre les mains du procureur que vous m’avez donné. Remettez, je vous prie, les papiers au procureur. Ce d’Hombre, demeurant rue des Prouvaires, me devait quatorze cents livres. Il a fait un contrat avec ses créanciers. Je n’y ai point signé. Que le procureur voie ce qu’il y a à faire, et si ledit d’Hombre me doit quelque chose encore, après les marchandises que j’ai prises chez lui, qu’on m’exploite ce drôle-là.

13° Envoyez-moi, je vous prie, mon extrait baptistaire, que vous trouverez parmi mes papiers.

Je suis un importun bavard ; je vous embrasse.

  1. Édition courtat.
  2. De la main de læahhè Duvernet : « J’approuve un homme qui défend les libertés de l’Église gallicane, qui se moque de l’infaillibilité, qui crie un peu contre le formulaire et contre les excommunications ; mais on méprise un sectaire qui se fait crucifier. » — L’annotateur du manuscrit s’est très-probablement trompé : cette phrase doit avoir été écrite par l’abbé Moussinot. (C.)