Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 798

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 354-355).
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798. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Mercredi 10 décembre 1737.

Je me hâte de répondre à votre lettre du 8.

Je vois, par le mémoire de ce que contient la caisse, qu’il y a trente-un volumes de pièces de l’Académie.

Il est impossible qu’il y en ait tant depuis que l’Académie des sciences distribue des prix, il faut que vous ayez pris la malheureuse Académie française pour l’Académie des sciences. On envoya un jour dix-huit singes à un homme qui avait demandé dix-huit cygnes pour mettre sur son canal. J’ai bien la mine d’avoir trente-un singes, au lieu de huit à neuf cygnes qu’il me fallait. Si l’on a fait ce quiproquo, comme je le présume, mon cher abbé, il faut vite acheter les volumes des pièces qui ont remporté le prix à la véritable Académie, et je vous enverrai les ennuyeux compliments de la pauvre Académie française.

Je vous réitère mes petites supplications au sujet des livres que j’ai demandés, des baromètres et des thermomètres. En voilà deux que vous m’envoyez : reste à deux qu’il me faut encore.

Envoyez monsieur votre frère chez Hébert presser le nécessaire de la part de Mme la marquise du Châtelet, et le prier de ne rien épargner pour le goût et la magnificence.

Faites chercher, je vous prie, une montre à secondes chez Leroi, ou chez Lebon, ou chez Tiout, enfin la meilleure montre soit d’or, soit d’argent : il n’importe ; le prix n’importe pas davantage. Vous avez carte blanche sur tout, et je n’ai jamais que des remerciements à vous faire.

Je vous embrasse tendrement.

  1. Ibid.