Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 702

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 192-193).
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702. — À MADAME DE CHAMPBONIN.
De Givet[1], Décembre.

M. de Champbonin, madame, a un cœur fait comme le vôtre ; il vient de m’en donner une preuve bien sensible. Je me flatte que vous rendrez encore un plus grand service à la plus adorable personne du monde : vous la consolerez, vous resterez auprès d’elle autant que vous le pourrez. J’ai plus besoin encore de consolations ; j’ai perdu mille fois davantage, vous le savez ; vous êtes témoin de tout ce que son cœur et son esprit valent ; c’est la plus belle âme qui soit jamais sortie des mains de la nature : voilà ce que je suis forcé de quitter. Parlez-lui de moi, je n’ai pas besoin de vous en conjurer. Vous auriez été le lien de nos cœurs, s’ils avaient pu ne se pas unir eux-mêmes. Hélas ! vous partagez nos douleurs ! Non, ne les partagez pas, vous seriez trop à plaindre. Les larmes coulent de mes yeux en vous écrivant. Comptez sur moi comme sur vous-même. Je vous remercie encore une fois de la marque d’amitié que vient de me donner M. de Champbonin.

  1. Petite ville du département de la Meuse, sur la route de Vassy à Bruxelles.