Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 684

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684. — À M. DE BRANCAS, COMTE DE FORCALQUIER[1].
Cirey, ce 23 …

Un solitaire, monsieur, qui ne prend guère d’intérêt à ce monde qu’autant qu’on vous y rend justice et que vous y pouvez être heureux, prend une part bien sensible à la petite marque d’attention qu’on vient de vous donner[2] ; je l’appelle petite, et très-petite, en comparaison de ce que je vous souhaite. Il y a ici une vraie philosophe qui partage bien mes sentiments pour vous. Je vous plains, monsieur, de ce que ce n’est pas elle qui vous les exprime : vous distingueriez alors les compliments de Cirey de tous ceux que vous recevez ; ils ne vous paraîtront, de ma part, que tendres et sincères ; elle les aurait ornés de l’esprit et des grâces sans lesquelles il n’est pas permis de paraître devant vous ; elle vous aurait parlé votre langage. Vous me permettrez, monsieur, à propos de tout cela, de présenter mes profonds respects à Mme  la duchesse de Saint-Pierre ; si je croyais que vous daignassiez vous souvenir l’un et l’autre de cet ermite, j’aurais trop de regrets.

Je vous serai attaché toute ma vie, monsieur, avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il venait d’être compris dans une promotion de l’ordre.