Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 675

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 159-160).
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675. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
(Commencement de novembre 1736.)

Mon cher abbé, lisez attentivement ma lettre, je vous en prie, et répondez article par article :

1° Il y a plus de deux mois que je vous donnai avis qu’on tirerait sur vous un billet de trois cent soixante livres, et vous ne me fîtes point de réponse.

2° Il y a un mois que je vous prie de me mander à qui vous avez remis la caisse de livres et de bougies, dont je n’entends point parler du tout : je ne sais où elle est.

3° Est-ce de mon argent que vous avez payé les glaces dont vous me parlez ? Pourquoi ces glaces sont-elles venues, et que ma caisse est restée ?

4° Je vous prie de faire rendre ces lettres à leurs adresses, et d’envoyer à la poste celles qui y sont destinées.

5° Il y a un chevalier de Mouhy, qui demeure à l’hôtel Dauphin, rue des Orties ; ce chevalier de Mouhy veut m’emprunter cent pistoles, et je veux bien les lui prêter. Je n’ose vous prier de l’aller voir : vous me feriez un grand plaisir ; vous me diriez ce que c’est que cet homme. Soit qu’il vienne chez vous, soit que vous alliez chez lui, je vous prie de lui dire que mon plaisir est d’obliger les gens de lettres quand je le peux ; mais que je suis actuellement très-mal dans mes affaires ; que cependant vous ferez vos efforts pour trouver cet argent, et que vous espérez que le remboursement en sera délégué de façon qu’il n’y ait rien à risquer ; après quoi vous aurez la bonté de me mander le résultat de ces préliminaires.

6° Je vous prie de me mander si on fait mon portrait en bague.

7° Aurai-je papier, plumes, manteau de lit ? Je me flatte que ce manteau sera acheté par Mme Dubreuil.

8° Je vous demande pardon de tant de détails, et je vous aime de tout mon cœur.

9° Il faut encore ajouter qu’il viendra chez M. Dubreuil une lettre à l’adresse de M. Delafosse : il faudra me l’envoyer. ; Mille compliments à toute la famille.

Encore un petit mot : M. Dubreuil, quand il m’écrit, écrit toujours par Bar-sur-Aube. C’est par Vassy qu’il faut écrire. Bar-sur-Aube est le chemin du coche, et Vassy, de la poste.

  1. Édition Courtat.