Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 588

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 64).
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588. — À MADEMOISELLE QUINAULT.
À Cirey, par Vassy, ce 30 mars 1736.

Pour toute réponse à votre lettre, mademoiselle, je vais exécuter de point en point ce que votre critique judicieuse prescrit à mon imagination ; les deux bégueules me déplaisaient fort, ce comique n’est point du tout de mon goût : Lise, Euphémon, Rondon même, étaient pour vous ; les Croupillac, pour le peuple ; mais il faut oublier qu’il y a des polissons, et se souvenir seulement des gens de goût. Il me sera assez difficile de réduire la chose en trois actes ; mais je vais essayer de vous obéir, et ordonner au cothurne de se ranger pour faire place au brodequin que vous prenez sous votre protection. Voudriez-vous, mademoiselle, avoir la bonté de me mander si un acte peut être de cinq cents vers quand la pièce est en trois ? Ne trouvez-vous point la mesure des vers hasardée ?

Voici une autre idée qui me vient : une veuve, à la place des Croupillac, ferait elle un bon effet ? Pardon de mes importunités ; mais il faut bien s’adresser à vous lorsqu’on a envie de plaire. Vous jugez comme vous jouez, et je vous regarde comme la meilleure actrice et le meilleur conseil. Vous me permettez la soustraction du cérémonial ; l’estime, la reconnaissance, l’attachement, n’en veulent point. V.