Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 448

Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 460-461).
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448. — Á M. BERGER.
Cirey.

Oui, mon cher monsieur, je rends justice à votre amitié et à votre discrétion. Je suis également touché de l’une et de l’autre. Je fais un effort pour avoir le plaisir de vous le dire. Ma santé est si mauvaise, et je suis à présent dans un accablement si grand, qu’à peine ai-je la force d’écrire un mot. C’est une consolation bien chère pour moi d’avoir trouvé un ami comme vous. Ce que les hommes appellent malheur a redoublé vos attentions pour moi, et plus vous m’avez vu à plaindre, plus vous m’avez marqué de tendresse et d’empressement. J’en serai reconnaissant toute ma vie. Je n’ai pas trouvé dans tous mes amis la même fidélité et la même constance ; aussi je compte sur vous plus que sur personne. Vos lettres me font un plaisir bien sensible. Vous me rendez intéressantes toutes les nouvelles que vous m’apprenez, et vous me paraissez un juge si impartial que je suis résolu à ne faire venir que les livres dont vous m’aurez dit du bien.

Je n’ai aucune nouvelle de l’affaire que vous m’avez recommandée, et j’en suis plus inquiet que vous. Je pardonnerai à la fortune tous les maux qu’elle a pu me faire, si elle me donne une occasion de vous servir ; mais je ne pardonne pas à ma mauvaise santé, qui me fait finir ma lettre si vite, et qui m’empêche de vous dire combien j’aime votre commerce et avec quelle passion je désire que vous continuiez à m’écrire.

Adieu ! je vous embrasse de tout mon cœur.