Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 427

Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 445-446).
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427. — Á MADAME DE CHAMPBONIN.

Ne soyez donc plus malade, madame ; ne soyez point grosse, et daignez me tenir compte de l’effort que je fais, en n’allant pas sitôt vous voir. Voyez comme je préfère à mon plaisir des engagements qui me sont devenus des devoirs ! J’attends ici tous les jours des ouvriers. Je suis moi-même le piqueur de ceux qui travaillent. J’écris leurs noms chaque jour, dans un grand livre de comptes ; jusqu’à ce que j’aie quelqu’un qui me soulage, je ne peux quitter. Plaignez-moi d’avoir entrepris un ouvrage qui m’arrache au plaisir de vous faire ma cour. Vous êtes très-bien avec Mme du Châtelet ; mais vous y serez encore mieux quand elle viendra dans son château. Vous savez bien que plus on vous voit, plus on vous aime. C’est une vérité que vous m’avez fait connaître par mon expérience. Permettez-moi de vous prier d’entretenir la bonne volonté qu’on a pour moi à la Neuville. À l’égard de celle de ma femme[1], je m’en remets à la Providence, et à ma patience de cocu.

  1. Cette plaisanterie est répétée à la fin de la lettre qui suit celle-ci.