Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 300

Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 315-316).
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300. — Á M. CLÉMENT,
receveur des tailles, à dreux
À Paris, le 25 décembre.

J’étais à Versailles, monsieur, quand votre présent arriva à Paris. Mme de Fontaine-Martel le mangea sans moi ; mais vous n’y perdez rien. Elle a beaucoup de goût pour ce qui est excellent en son genre ; elle a autant de gourmandise que d’esprit. Elle a trouvé votre marcassin admirable ; mais elle est encore plus touchée de vos vers et de l’agrément de vos lettres. Je vous remercie de tout mon cœur, monsieur, de votre souvenir obligeant. Je voudrais bien vous envoyer, pour vos étrennes, une édition plus complète des ouvrages que vous avez reçus avec tant d’indulgence. Je me flatte que je payerai incessamment votre marcassin en cette mauvaise monnaie. Je vous souhaite, pour les compliments du nouvel an,

Que toujours de ses douces lois
Le dieu des vers vous endoctrine ;
Qu’à vos chants il joigne sa voix,
Tandis que de sa main divine
Il accordera, sous vos doigts,
La lyre agréable et badine
Dont vous vous servez quelquefois.
Que l’Amour, encor plus facile,
Préside à vos galants exploits,
Comme Phébus à votre style ;
Et que Plutus, ce dieu sournois,
Mais aux autres dieux très-utile,
Rende, par maints écus tournois,
Les jours que la Parque vous file
Des jours plus heureux mille fois
Que ceux d’Horace et de Virgile.