Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 260

Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 261-263).
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260. — À M. DE CIDEVILLE.
Ce jeudi, 8 mai 1732, à une heure après midi.

Mes chers Aristarques, je vous obéis avec joie, et je suis encore plus sévère que vous : je vous envoie plus d’un changement dans cette feuille ; demain vous pourrez avoir une voiture plus complète. La poste va partir, sans cela vous auriez au moins une douzaine de vers de plus. Jore en reçoit tous les jours : je vous prie de lui communiquer ceux-ci dès que vous les aurez reçus ; dites-lui bien qu’il les porte exactement sur la pièce, qu’il commence incessamment l’impression, et qu’il m’envoie une copie de tous les vers corrigés qu’il a reçus de moi, afin que je les revoie à loisir. Mille remerciements, mille pardons. Soyez toujours bien indulgents pour moi, et bien sévères pour mes ouvrages. Je vous embrasse bien tendrement.

Nouveaux changements dans la tragédie d’Ériphyle.
acte i, scène i.

Songez à cet oracle, à cette loi suprême.

Corrigez :

Songez à cet oracle, à cet ordre suprême.


Ces temps, ce jour affreux, feront la destinée.

Corrigez :

Attends jusqu’à ce jour, attends la destinée.


De cet État tremblant embarrassaient les rênes.

Corrigez :

De l’État qui chancelé embarrassaient les rênes.


Descend du haut des cieux après plus de quinze ans.

Corrigez :

Descend du haut des cieux après plus de vingt ans.


acte iii, scène i (à la fin).

Après ce vers :

Mais du moins, en tombant, je saurai me venger,

Otez tout ce qui suit jusqu’à la fin de la scène, et mettez à la place.

euphorbe.

Si vous n’espérez rien, que faut-il ménager ?
Venez-vous essuyer les mépris de la reine ?

hermogide
.

Euphorbe, je viens voir à qui je dois ma haine ;
Qui sont mes vrais rivaux, que je dois accabler ;
Qui séduit Ériphyle, et quel sang doit couler.
Je viens voir si la reine aura bien l’assurance
De nommer devant moi… C’est elle qui s’avance.

acte iv. scène dernière

Détestable aux mortels et réprouvé des dieux.

Corrigez :

Détesté des morts même, et réprouvé des dieux.

ériphyle
.Rayez tout son couplet, et mettez à la place :

Malheureux, qu’as-tu dit ? Qu’on arrête Théandre,
Que le pontife enfin revienne m’éclaircir ;
Qu’on appelle Alcméon, qu’on le fasse venir.
Théandre ne sait point quel sang lui donna l’être ;
Il me ferait rougir, s’il se faisait connaître.
Que veut-il ? quel discours ! moi, je pourrai jamais
Rougir de ce héros, regretter mes bienfaits !
Dieux, est-ce là ce jour annoncé par vous-même,
Où j’allais disposer de moi, du diadème ;
Où j’allais être heureuse ? mort, explique-toi !
Ne borne point ta haine à m’inspirer l’effroi.
Quel est cet Alcméon ? D’où vient qu’en sa présence
J’ai senti rallumer cet amour qui t’offense ?
Dieux qui voyez mes pleurs, mes regrets, mes combats.
Dévoilez-moi mon cœur, que je ne connais pas.
J’ai crû brûler d’un feu si pur, si légitime ;
Quel est donc mon destin, ne puis-je aimer sans crime ?

fin du quatrième acte.


Additions aux changements qu’on doit faire à ce quatrième acte, dans cette même scène.
théandre

Le grand prêtre le sait, il sauva son enfance.

Corrigez :

Je sais que le grand prêtre a sauvé son enfance.