Correspondance de Voltaire/1727/Lettre 176

Correspondance de Voltaire/1727
Correspondance : année 1727GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 175-176).
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176. — À M. SWIFT[1].
londres, à la perruque blanche.

Cowent-Garden, 14 décembre 1727.

Vous serez surpris, monsieur, de recevoir d’un voyageur français un Essai, en anglais, sur les Guerres civiles de France, qui font le sujet de la Henriade. Ayez de l’indulgence pour un de vos admirateurs, qui doit à vos écrits de s’être passionné pour votre langue, au point d’avoir la témérité d’écrire en anglais.

Vous verrez, par l’Avertissement, que j’ai quelques desseins sur vous, et que j’ai dû parler de vous, pour l’honneur de votre pays et pour l’avantage du mien ; ne me défendez pas d’orner ma narration de votre nom.

Laissez-moi jouir de la satisfaction de parler de vous de la même manière que la postérité en parlera.

Me sera-t-il permis, en même temps, de vous supplier de faire usage de votre crédit en Irlande pour procurer quelques souscripteurs à la Henriade, qui est achevée, et qui, faute d’un peu d’aide, n’a pas encore paru ?

La souscription n’est que d’une guinée, payée d’avance.

Je suis, avec la plus haute estime et la plus parfaite reconnaissance, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Voyez ce que Voltaire a dit de Swift dans ses Lettres philosophiques, tome XXII, page 175 ; et dans la cinquième de ses Lettres à S. A. le prince de ***, tome XXVI, page 489.