Correspondance de Voltaire/1725/Lettre 147

Correspondance de Voltaire/1725
Correspondance : année 1725GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 143-144).
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147. — À M. THIERIOT[1].

À Paris, 25 juillet.

Je vous enverrai la Recherche de l’amitié au lieu de celle de la vérité, car je me soucie bien plus de l’une que de l’autre, et fais plus de cas de Thieriot, mon ami, que de Thieriot philosophe. Voilà encore une autre édition de Mariamne qui paraît d’hier, et une troisième dont on me menace. Vous voyez que l’honneur qu’on a fait à Lamotte d’écrire son Inès dans les représentations n’est pas un honneur si singulier qu’il le prétend. Je n’y sais à cela que de donner ma pièce et d’y corriger le plus de choses que je pourrai afin que l’air de la nouveauté soit joint à la correction dont elle avait besoin. On vient de me dire qu’il va aussi paraître une nouvelle édition du poème de la Ligue ; mais que mon poème sera différent de celui que vous avez vu ! Je commence à en être content : c’est beaucoup dire, car vous savez que je suis plus difficile sur mes ouvrages que sur ceux des autres. Je vous remercie de tout mon cœur des perquisitions faites à Rouen. Ce n’est plus la peine d’en faire, puisque je suis assassiné d’éditions de tous les côtés.

Mandez-moi, je vous en prie, sur-le-champ la demeure de M. de Gourdon de Mirabelle. Adieu ; je fais mille compliments à Mme de Bernières et au chevalier, et à mes anciens amis de Rouen. Je vous enverrai Mariamne dès qu’elle sera imprimée. Je sors dans le moment pour la faire jouer et pour la faire imprimer.

J’ai un procès, un poëme épique, une tragédie et une comédie sur les bras. Si j’ai de la santé, je soutiendrai tous ces fardeaux gaiement ; si je n’en ai point, que tout aille au diable ! Bonsoir.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.