Correspondance de Voltaire/1723/Lettre 102

Correspondance de Voltaire/1723
Correspondance : année 1723GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 105).
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102. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES[1].

Décembre.

Je me porte un peu mieux depuis quelques jours, et je n’en attends votre retour qu’avec plus d’impatience. Ce qui me fait croire que j’aurai de la santé, c’est que je passe les journées entières à travailler, sans m’en sentir incommodé. J’ai bien peur que Mlle Lecouvreur ne puisse jouer Mariamne : elle a une perte de sang qui affaiblit furieusement sa misérable machine. Je vous remercie bien de toutes les attentions que vous avez pour le petit bâtard. Les deux mille habits qu’on veut lui faire encore sont très-inutiles : je n’en veux point du tout ; mais j’ai un très-grand désir de le voir arriver vêtu de toile cirée. Je vous demande plusieurs grâces :

1o Que vous vous souveniez de donner…, à un homme sûr la lettre que je vous ai envoyée pour Boulogne, et que vous en accusiez réception par votre première lettre ;

2o Que vous m’informiez sûrement du jour du départ, et de l’arrivée à Boulogne ;

3o Que vous demandiez ou fassiez demander à Viret un mémoire de ce qu’il a reçu de moi, article par article, et que vous ayez la bonté de me l’envoyer ;

4o Que vous disiez à Martel que je ne veux que deux mille habits, lesquels à un sol et demi pièce, prix fait, font cent cinquante livres. Si on en a fait davantage, on payera le surplus ; mais qu’on s’arrête et qu’on emballe.

Voilà à peu près toutes vos instructions ; la plus importante est que vous reveniez incessamment : tous nos amis vous souhaitent et vous aiment aussi tendrement que je vous aime. Adieu, écrivez-moi et revenez, au nom de Dieu, revenez, je vous en conjure.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.