Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1987

Louis Conard (Volume 9p. 29).

1987. À GUY DE MAUPASSANT.
[Croisset, vers le 25 avril 1880].

Non ! ça ne suffit pas ! bien que ce soit déjà mieux. Les anémones (dans la famille des renonculacées) sans calice, très bien. Mais pourquoi Jean-Jacques Rousseau (dans sa botanique) a-t-il dit : « la plupart » des liliacées en manquent ? Ce « la plupart » signifie que certaines liliacées en manquent ! Ledit Rousseau n’étant pas savant, mais observateur de « la Nature », il s’est peut-être trompé. Pourquoi et comment ? Bref, il me faut une exception à la règle. Je l’ai déjà avec certaines renonculacées ; mais 2o il me faut une exception à l’exception, malice qui m’est suggérée par le « la plupart » du citoyen de Genève.

Il va sans dire que je ne tiens à aucune famille, pourvu que la plante soit vulgaire.

Je te dirai ce que je pense des œuvres de tes collègues. Hennique a raté un bien beau sujet. Céard parle de ce qu’il ignore absolument : la corruption de l’Empire ; comme tous ceux, du reste, qui traitent cette matière, à commencer par le père Hugo. La vérité est bien plus forte et plus simple.

Boule de Suif écrase le volume, dont le titre est stupide.

D’aujourd’hui en quinze je ferai mes paquets.

Occupe-toi de ma botanique et donne-moi une réponse le plus tôt possible.