Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1931

Louis Conard (Volume 8p. 350-351).

1931. À FRANCOIS COPPÉE.
Croisset, par Déville (Seine-Inférieure).
Mercredi, 14 janvier 1880.

Merci de votre cadeau, mon cher Coppée. (On ne me l’a envoyé de Paris qu’il y a trois jours.)

J’imagine que vous êtes fatigué des mots faits sur le Trésor. C’en est un : « ceux-là (les vers) ne sont pas de faux diamants[1] », mais l’appréciation est juste, bien que le langage soit banal.

Comme vous maniez avec dignité les choses familières ! — Quel prix vous donnez aux moindres objets ! Les poètes ont toujours raison… et il n’y a que le style — quoi qu’on dise.

Quand donc MM.  les comédiens joueront-ils de vous une œuvre de longue haleine !

Mais vous devez être content du succès matériel. Ça a réussi n’est-ce pas ? Vous me verrez au printemps quand j’aurai fini mon affreux bouquin, et alors on taillera une soignée bavette. Il me semble que nous avons besoin de nous voir. En attendant ce plaisir-là remerci et je vous embrasse.

Votre.

Vous me confondez avec vos dédicaces olympiques

Chatouillant de mon cœur l’orgueilleuse faiblesse.

  1. Il s’agit, dans la pièce (1 acte en vers), d’un trésor caché autrefois dans un vieux manoir ; au moment où on le retrouve, on découvre en même temps, dans les papiers de famille, qu’il est faux.