Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1897

Louis Conard (Volume 8p. 312).

1897. À MADAME TENNANT.
Croisset, 13 octobre 1879.

Hélas ! non, ma chère Gertrude, je ne serai pas à Paris à la fin de ce mois, devant rester ici jusqu’au printemps prochain, époque où j’espère avoir fini mon lourd bouquin. Ce petit travail m’aura demandé plusieurs années et il me tarde d’en être débarrassé. Mais puisque vous passerez l’hiver à Florence, j’espère vous voir à votre retour, vers le commencement d’avril. Tâchez d’avance de dresser vos batteries en conséquence. Je vous en prie, vous en supplie !

L’année n’a pas été meilleure pour moi que pour vous. Depuis quatre ans, j’ai enduré des chagrins tels que je m’étonne de n’en être pas devenu fou. Mon horizon paraît se désembrunir un peu. Si je vous voyais plus souvent, ce serait un coin d’azur. Il me semble que vous devez aussi sentir le besoin de causer ensemble du vieux temps. Nous avons tant de choses à dire, n’est-ce pas, ma chère jeunesse retrouvée !

Caroline espère avoir votre visite prochainement ; elle sera au faubourg Saint-Honoré à partir de dimanche prochain.

Quand vous n’aurez rien de mieux à faire, écrivez-moi. Je lis vos moindres billets avec avidité.

Souvenirs affectueux à vos charmants enfants, et à vous, du fond de mon cœur, les meilleures tendresses de votre vieil ami.