Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1832

Louis Conard (Volume 8p. 242-243).

1832. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset], mercredi [26 mars 1879].

À la bonne heure ! Au moins voilà une vraie lettre ! c’est-à-dire longue !

Et d’abord, ma chérie, j’ai vu hier, dans le XIXe Siècle, une nouvelle qui doit te faire plaisir : Le Salon n’ouvrira pas avant le 15 mai, ou peut-être avant le 30. Cela te donne du temps. Tu ne m’as pas dit ce que Bonnat pense du portrait du P. Didon.

Quant à la Mazarine, je n’y pense pas plus que s’il n’en eût jamais été question. Je regrette que tu aies prié Mme Charpentier d’aller chez Gambetta. Ton zèle t’a entraînée trop loin. Enfin, c’est fini, n i ni ! Seulement, c’est une leçon pour l’avenir. La raison devrait me faire regretter cette place ; mais les nerfs de Mossieu sentent différemment. Voilà.

Je suis comme toi, je ne demande qu’à être tranquille (et le souhait est ambitieux). Aussi, quand rien du dehors ne m’arrive, je me trouve très bien. La vue de la rivière et le chant des poules me suffisent comme distraction (sic). Jamais je n’ai moins désiré Paris ; j’y pense même rarement. D’ailleurs, je ne pourrai pas monter un escalier parisien avant deux mois. Ainsi, tout est pour le mieux. Je voudrais bien me remettre à écrire, mais, franchement, je crois que ce me sera impossible ! et je recule devant ce moment. J’ai eu et j’ai encore trop de tourments ; ma tête n’est pas libre, je le sens ! Joli résultat ! et à qui ai-je été utile, en définitive ? […]

Adieu, pauvre chérie,

Vieux.