Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1831

Louis Conard (Volume 8p. 240-241).

1831. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Jeudi [25 mars 1879].

Mon médecin, qui ne m’avait pas vu depuis huit jours, m’a affirmé hier que je pourrai aller à Paris au commencement de mai, certainement. Dans cinq ou six semaines, au plus tard, je vous verrai donc, ma chère Princesse. Le proverbe « loin des yeux près du cœur » est vrai pour moi. Plus je vais, plus je vous aime. Et comment ne pas vous aimer !

Je vous remercie bien de la promesse que vous me faites relativement à mon jeune homme, c’est-à-dire de faire jouer chez vous sa petite pièce. Ce lui sera un grand honneur et qui pourra lui être utile. D’ailleurs, son œuvre vous intéressera, je crois.

Vous me semblez bien sévère pour Madame de Châteauroux. Ce n’est pas de cette façon que j’aurais fait ce livre, si je l’avais fait ; mais tel qu’il est, il est curieux, et bien exécuté dans son genre. Ce qui vous choque tient au sujet même, et non à l’historien.

Quant à l’auteur, à de Goncourt, on m’avait dit au contraire, qu’il était maintenant en bon état. Ses nervosités viennent de sa santé qui n’est pas robuste. Pour rester serein, il ne faut pas souffrir ; et puis, peut-être, manque-t-il un peu de philosophie.

J’attends après-demain la visite de ma nièce ; elle a fait le portrait du père Cloquet. Je vous demanderai pour elle votre protection près des membres du jury. La pauvre enfant est bien à plaindre et a besoin d’encouragement.

Popelin a eu la gentillesse de m’envoyer un livre, et moi la grossièreté de ne pas l’en remercier.

Faut-il croire à ce que vous m’annoncez, une petite visite ?

Là-dessus je rêve :

et je vous baise les mains, Princesse,

en me disant votre vieux fidèle.