Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1816

Louis Conard (Volume 8p. 221-222).

1816. À MAURICE MONTÉGUT.
Croisset, mardi 25 [Février 1879].
Mon cher Confrère,

Lady Tempest me plaît infiniment et réchauffe mon vieux cœur romantique. Le souvenir (ou mieux, l’inspiration) de Shakespeare y est manifeste. On nage chez vous en pleine poésie. Vous m’avez fait du bien ; je vous en remercie.

Il me semble (autant qu’un humble prosateur peut en juger), que vous avez déjà une grande expérience du vers. J’en ai remarqué beaucoup d’excellents. Des vers tout d’une venue, simples, fermes et sonores ; des vers collés sur le fond de l’idée. Bravo !

Mais si vous tenez au succès, il faudra exécuter des choses moins hautes, — ce à quoi, du reste, je ne vous engage pas. Cependant, il y a peut-être moyen d’appliquer vos facultés poétiques, qui sont éminentes, à des sujets flattant plus le vulgum pecus.

Vous avez maintenant assez de dextérité pour faire ce qu’il vous plaira. Mes félicitations, encore une fois.

Je vous serre cordialement la main et suis vôtre.