Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1794

Louis Conard (Volume 8p. 192-193).

1794. À SA NIÈCE CAROLINE.
Lundi soir, 6 heures [27 janvier 1879].
Mon Loulou,

J’ai peur que le Nouvelliste n’insère un entrefilet qui te donnerait de l’inquiétude : je me suis donné samedi, en glissant sur le verglas, une très forte entorse avec fêlure du péroné ; mais je n’ai pas la jambe cassée.

Fortin (que j’ai attendu quarante-huit heures) me soigne admirablement. Laporte vient me voir très souvent et couche ici. Suzanne me soigne très bien. Je lis et je fume dans mon lit, qu’il me va falloir garder pendant six semaines !

Je serais très contrarié si un de vous deux se dérangeait pour venir : ça n’en vaut pas la peine. Je ne le veux pas. Inutile de dépenser son argent à ça. Mon accident est le moindre de mes soucis et le plus léger de mes chagrins, ou plutôt n’est pas un chagrin, une simple contrariété. Quand je me serai fait faire une planche idoine pour écrire dans mon lit, je t’enverrai plus de détails ; après-demain sans doute.

Je t’embrasse bien fort.

Ton vieil oncle

qui n’a pas beaucoup de chance.