Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1760

Louis Conard (Volume 8p. 150-151).

1760. À ÉMILE ZOLA.
Croisset près Rouen, midi, 23 septembre 1878.
Mon cher Ami,

Vous oubliez vos présents, car vous m’aviez communiqué en ms votre mirifique article paru le 15 dans la Réforme et j’en savais des phrases par cœur ! tant ces phrases sont flatteuses. C’est aux riches qu’il convient d’être généreux. Re-merci donc encore une fois, mon bon vieux.

Je n’ai pas parlé de vous à Bardoux, par la raison que je n’ai pas vu le dit sieur. J’ai déjeuné samedi au ministère, avec sa mère, son secrétaire moral, et le recteur de l’Académie de Douai qu’il avait invité comme moi, et oublié comme moi !

Autre histoire : pour avoir quelques sols, j’ai porté à la Réforme ma vieille Féerie. Là, j’ai été reçu par un jeune homme très aimable et très chic qui s’appelle Lasègne ou Laserne ? Dites-moi son nom exact[1]. Je n’ai pas vu M. Francolin qui m’avait écrit une lettre pour demander de la copie.

Combien faut-il réclamer pour ma Féerie ? Vous qui connaissez l’établissement, donnez-moi un conseil.

Guy de Maupassant m’a parlé avec enthousiasme du premier chapitre de Nana. Il trouve que vous n’avez jamais rien fait d’aussi beau (sic !). Qu’est-ce donc !

Après un dérangement de trois semaines, je vais me remettre à la pioche. C’est dur.

Je vous embrasse. Vôtre.

J’aurais été vous voir hier en revenant, ici, si je n’avais eu un bagage embêtant.


  1. Georges Lassez.